PATHOLOGIE DE L’ATTACHEMENT

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Dans le cadre de la famille, la pathologie de l’attachement peut se éclisser sous trois formes : l’absence d’attachement, les défaillances de l’attachement et l’excès d’attachement. Dans ces trois situations, la fonction parentale (exercice du rôle maternel ou paternel) est pervertie. On parle alors de dysparentalité et l’enfant est victimisé, subissant diverses formes de violence de la part de l’adulte supposé le protéger et l’autonomiser.

L’absence d’attachement peut prendre la forme extrême de l’infanticide, l’enfant étant tué à la naissance ou juste après, assez souvent dans le contexte d’une maternité précoce, non désirée, cachée (mère adolescente, frustre ou isolée), éventuellement dans le cas d’une dépression puerpérale, d’une psychose du post-partum (entre le cinquième et le vingt-cinquième jour après l’accouchement). Elle peut se manifester par l’abandon, la négligence ou la carence de soins.

La maltraitance à enfants s’inscrit généralement dans le cadre de perturbations familiales transgénérationnelles (comme le montre l’approche systémique, l’utilisation du génogramme, la psychogénéalogie) ; les violences qui en résultent peuvent être aigües, chroniques ou cycliques, elles peuvent être physiques, psychiques ou sexuelles, peuvent cibler un enfant (statut de « bouc émissaire ») ou s’étendre à toute la descendance.

L’excès d’attachement peut être préjudiciable à l’épanouissement d’un enfant; Le surdosage affectif, la surproduction parentale, les attitudes maternelles « castratrices » entraînent des symptomatologies réactionnelles ; les pathologies observées sont parfois proches de celles résultant de carences affectives. L’amour inhérent à l’attachement maternel peut s’avérer captatif, « étouffant » dans certaines situations : mères ayant été privées d’affection dans leur enfance, mères seules abandonnées, mères n’assumant pas leur féminité… surinvestissant leur enfant et lui empêchant toute autonomie.

Le lien d’attachement peut prendre des aspects passionnels qui mènent éventuellement à des actes délictuels ou criminels générant, chez les victimes, suicide ou maladie mentale (nécrose ou psychose).

Lorsque le lien d’attachement s’érotise, se sexualise comme dans le cas de l’inceste, la confusion, voir l’inversion des rôles s’installe dans le système familial. L’enfant agressé sexuellement subit une atteinte profonde et durable de son intégrité corporelle et psychique et de son identité, ce qui va jouer sur sa vie d’adulte et peut rendre difficile pour lui l’instauration du lien d’attachement avec ses propres enfants.

Un lien d’attachement solide et stable est une ressource inestimable, un facteur d’apaisement du stress, de dépassement du trauma, de résilience dans une situation de victimisation. La victime bénéficiera de l’attachement de ses proches pour se reconstruire psychologiquement.
C’est également ce lien qui est mobilisé dans la mise en place d’une alliance thérapeutique e qualité : une attitude peu participative du thérapeute peut renvoyer le patient maltraité ou victime de négligences à ses carences affectives et altérer la qualité de la relation patient/psy.

Source : Jean-Loup Roche