PETIT RAPPEL DE RENTRÉE : L’ART DE LA MANIPULATION

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La manipulation est l’art d’influencer autrui par des moyens détournés pour obtenir l’objet, la situation ou le comportement désirés.

La plus efficace, donc la plus dangereuse, est bien évidemment celle qui ne se voit pas, laissant à la personne manipulée l’illusion du libre-arbitre.

La manipulation prend plusieurs visages. Nous pouvons tous l’utiliser, consciemment, à un moment précis, dans un but précis (convaincre un client indécis, influencer son conjoint – ou sa conjointe – pour regarder un match de foot ou aller voir un film à l’eau de rose au cinéma, obtenir des adolescents qu’ils rangent, enfin !, leur chambre…).
Elle devient particulièrement dangereuse lorsque son but est UNIQUEMENT de s’accaparer ce que l’autre possède tout en le réduisant, lentement, mais sûrement, à l’état de fantôme, de carcasse vide, dépourvue d’énergie, de volonté, de confiance en elle, et d’objectifs.
Elle est encore plus dangereuse lorsqu’elle peut être mortelle, physiquement ou psychologiquement. Les victimes de manipulateurs sont parfois tellement « vidées » de toute leur substance qu’elles ne sont plus que zombies… pire encore, certaines développent des pathologies graves, quelque fois mortelles, ou encore vont jusqu’à se donner la mort pour échapper à leurs souffrances quotidiennes.

Ces manipulations dangereuses, mortelles, sont entre autres menées par les PNM : pervers narcissiques manipulateurs. Leur action insidieuse, sournoise, et destructrice, reste invisible aux yeux de tous. Pourtant ils tissent indéfiniment leur toile, sans lassitude, sans limite, et sans morale.

MORTELLE SÉDUCTION

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La personnalité toxique, le pervers narcissique est « malade ». Pour ne pas développer plus sa maladie, il cherche une proie. Il lui inocule son poison, la rendant soumise, dépendante, la dévalorisant, « pompant » son énergie, sa confiance en elle. Il la vampirise, la chosifie, la réduit à l’état d’une carcasse vide. Il rend l’autre zombie.

Pour ne pas devenir schizophrène, paradoxalement, le PN va adopter un comportement schizophrène. Il va être à la fois cette personne sociable, aimable, chaleureuse, en public. Et ce monstre, car monstre il y a, en privé. Monstre au sens propre : il n’a rien d’humain, même s’il semble l’être.
Caméléon, il s’adapte. Il modifie son apparence et son comportement. Il observe, attentivement.

Il va prendre son temps. Il est patient. Il sait ce qu’il veut. Il sait comment l’obtenir. Il s’en donne les moyens.

Il crée le climat propice à la réussite de son plan. Il va savoir quels mots employer, quels sourires donner, quels regards distribués, comment, et à quel moment. Il prend son temps pour trouver la proie idéale. Il sait, consciemment ou inconsciemment, qu’il en a besoin pour survivre. Il n’est pas pressé.

Il séduit. Et cela doit être dit et répété. LE PERVERS NARCISSIQUE EST DANS LA SÉDUCTION. Il est quasi impossible pour sa victime – car elle est victime dès que choisie par le PN – de s’en rendre compte. Doit-on fuir toute personne aimable, toute personne faisant des compliments, doit-on vivre en perpétuelle méfiance ? Certes non. Le PN le sait. Tout comme il sent la fragilité de la personne qu’il va vampiriser. Il s’appuie sur l’empathie dont il manque complètement mais qui lui est offerte, sur une estime de soi affaiblie et sur une écoute complète. Comme un caméléon, il s’adapte, sentant sans pouvoir le formuler ce qu’il va pouvoir affaiblir encore plus chez sa proie.

Lorsque celle-ci est trop faible – sans s’en rendre compte elle-même – pour pouvoir réagir, il attaque. Il ne séduit plus. Il contrôle. Il soumet. Il impose. Il critique. Il dévalorise en permanence. Il affaiblit totalement.

Il tue, psychiquement, sa proie. Et quand celle-ci est trop atteinte pour pouvoir encore lui servir, il finit de la piétiner, puis la jette. Elle n’a plus d’intérêt. La cruauté du PN ne fait alors qu’augmenter, car la victime ne peut plus même satisfaire les besoins de son bourreau.

NB : le pervers narcissique peut être un homme, ou une femme. La violence n’a pas de sexe.

©Anne-Laure Buffet
annelaurebuffet@gmail.com

NOUVEAU TÉMOIGNAGE

Un nouveau témoignage d’une victime de pervers narcissique. Encore une fois… ne pas confondre PN et personnalité difficile. Ce témoignage le souligne.

Il m a fallu 17 ans pour prendre conscience que j’étais mariée a un PN et l’avis de divers psychiatres. Je suis séparée depuis 8 ans et malgré de nombreuses therapies, je suis toujours sous emprise car la devalorisation qu il a mis en place est tres profonde. Il continue d’avoir un controle sur ma vie par le biais de nos enfants qu il n’hesite pas à detruire pour m’atteindre. J’ai refais ma vie avec un autre homme depuis 6 ans, nous avons eu un enfant, lui a egalement une compagne depuis des années avec laquelle il refait la meme chose, mais il ne lache pas l’affaire. Comme il le dit, je suis la femme de sa vie jusqu’à ce que la mort nous separe. Il m’a egalement menacée : les nuisibles, moi, je les elimine…c est ce qu il essaie de faire. Ah bien sur, pas en me tuant directement, mais a l usure, en utilisant tout ce(ux) qu il a sous la main et a sa disposition. Un PN est machiavélique, c est une enveloppe vide ( il n a pas d âme mais a une apparence parfaite), on lui donnerai le bon dieu sans confession. Rien a voir avec des personnes jalouses ou egocentriques, l acharnement d un PN envers sa proie, dépasse le harcelement. A bout, une proie peut en venir a avoir des idées radicales car le PN arrive a mettre tout le monde dans sa poche, de son coté, la justice, les travailleurs sociaux, tout le monde se laisse embobiner…il arrive a inverser les rôles, il presente sa victime comme étant le bourreau et lui se fait passer pour une victime. La vie devient un véritable enfer. C est une lutte de tous les jours pour se faire entendre et faire ouvrir les yeux au monde sur ce qui se passe reellement. On en arrive a se demander si on est pas paranoiaque…croyez moi ! Etre la proie d un PN n a rien a voir avec un « simple » harcelement. Ne diagnostiquez pas une personne avec une personnalité spéciale en PN…

LE REPAS DE L’OGRE

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Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le pervers narcissique n’a pas la tête d’un diable. Il n’utilise ni vulgarité, ni grossièreté, en tout cas pas en public. Il ne se donne pas en spectacle. Il est souriant et même joyeux. Il n’est pas particulièrement exubérant ou dispendieux dans sa façon de s’exprimer. Il peut se montrer discret.
Les femmes perverses narcissiques savent séduire, mais ne sont pas provocatrices, ou « allumeuses ». Elles dégagent un charme qu’elles entretiennent.
Le ton de la voix est souvent posé. Le (la) PN ne crie pas, ne menace pas, ne s’énerve pas. EN PUBLIC.

Et puis, la porte se referme.

Vous êtes face à lui (elle) ; et vous êtes seul. L’air est subitement plus froid. La lumière plus crue, ou au contraire plus opaque. Pas tamisée. Opaque. Chaque seconde de silence a le poids d’une enclume. Chacun de vos gestes semble lié. Est épié. Chacune de vos paroles est décortiquée.

Imaginez. Vous êtes une pince de crabe. Il est le casse-noix. Il est la pique, la petite fourchette. Il vous casse, il vous émiette, il vous brise. Vous volez en multiples et minuscules éclats. Qui est capable de reconstituer une pince une fois qu’elle est cassée ? Il retire votre chair. Il s’en délecter. Et lorsqu’il aura fini les plus gros morceaux, il ira encore creuser, chercher, fouiller, pour ramasser ces petits filaments, ces petites fibres encore intactes, dissimulées dans les parties les plus fines et les plus fragiles de la pince.

Il va le faire tel un gourmand, un goinfre. Il va bâfrer. Et son plat unique, c’est vous.
Il va le faire en prenant son temps. Chaque bouchée, il va la déguster. Il déglutira avec application et plaisir. Se nourrir de vous est une réelle jouissance.

Lorqu’enfin le gueuleton prend fin, il ne reste rien de vous. Ou si peu, qu’il s’empresse de repousser l’assiette et de mettre les derniers débris à la poubelle. Il referme le couvercle. Il jette le sac. Et il commande un autre plat.