JE SUIS UN PSYCHOPATHE

Ian Walker filme les étapes d’un diagnostic qui doit déterminer si un patient est ou non psychopathe. Ce documentaire insolite montre toute la puissance de manipulation de ce type de personnalité… Sam Vaknin le dit lui-même : il est psychopathe, c’est-à-dire mégalomane, contradictoire, imprévisible et sans scrupules. Il dit cela sans gêne ni remords, puisque l’un des symptômes de ce trouble de la personnalité est le déni de la réalité de l’autre. Comme beaucoup de psychopathes, Sam est charmeur et manipulateur, mais capable de détruire la vie de son prochain autant que la sienne. Toutefois, tous les psychopathes ne passent pas à l’acte et ne sont pas des tueurs

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http://youtu.be/nj1PSL2C_Zw

 

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NOUVELLE MISE AU POINT

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Je vois fleurir ici ou là de plus en plus d’articles, d’informations, de reportages et de commentaires concernant les pervers narcissiques.
Sur les réseaux sociaux, les pages, groupes, posts concernant les PN sont pléthores.

Au sein de CVP – Contre la Violence Psychologique, ou en demande d’accompagnement et de psychothérapie, je reçois de nombreux mails et appels me demandant de déterminer si le (la) conjoint(e), le parent, l’enfant est ou non PN. J’entends demander très souvent : « maintenant que je sais qu’il est PN … parce que j’ai lu des articles… que dois-je faire ? »

Aussi je reviens sur ce diable des temps modernes, ce vampire assoiffé, ce monstre quotidien, le (la) PN.

Je suis POUR l’information. POUR la médiatisation. POUR la protection et la défense des victimes. POUR accompagner leur reconstruction.
Je suis CONTRE les amalgames. CONTRE les déductions simplistes. CONTRE les présupposés. CONTRE les étiquettes.

D’une part il m’est impossible lorsque je suis consultée de définir clairement, à 100 % et sans risque d’erreur si untel ou unetelle est ou non MPN. Tout simplement parce que je n’ai pas la personne en face de moi. Je peux estimer des attitudes, des faits, des comportements… Mais je ne vais pas poser de diagnostic définitif après un quart d’heure, ou une heure, d’entretien. Tout comme un médecin soignera la personne qui le consulte, et non par procuration, je ne porterai pas d’avis par procuration.

D’autre part, et à mon sens, conforter qui que ce soit en disant « en effet c’est bien un(e) MPN » n’est pas lui rendre service. Constater un état de victime, une dégradation de la confiance en soi, une perte de reconnaissance, une situation matérielle détériorée voir détruite est tout à fait possible. Recevoir les plaintes, entendre et comprendre les agissements d’une personnalité toxique, évaluer l’ampleur d’une situation dans ce qu’elle a de catastrophique pour celui ou celle qui la vit est bien évidement faisable. Pour autant mon objectif, et mon quotidien, sont de permettre à ces personnes de se reconstruire, d’être informées des démarches possibles, de mettre en place des barrières psychologiques pour se protéger.
En revanche je ne suis pas St Michel et je n’irai pas pourfendre l’horrible dragon qui s’est abattu sur leur vie.
Dire à qui que ce soit : « Ah oui en effet c’est affreux, vous êtes face à un(e) MPN » peut avoir une terrible conséquence : la satisfaction inconsciente d’être effectivement victime, et l’incapacité psychologique et matérielle de s’en relever.

De plus, je tiens tout de même à rappeler que TOUT COMPORTEMENT TOXIQUE EST NOCIF, VOIR DESTRUCTEUR, POUR CELUI OU CELLE QUI LE VIT. Savoir qu’il est le fait d’un(e) MPN n’apporte à l’affaire que peu d’éléments, si ce n’est la conviction à acquérir qu’il est quasi impossible de le (la) faire changer, que ce n’est pas une pathologie, ou pas reconnu comme tel, et qu’en tout état de cause il n’existe pas de traitement médicamenteux ; que devant la justice, les victimes sont peu ou pas entendues ; que leur défense est difficile ; que nombre de professionnels sont trop mal informés – quand ils le sont.

Mais je veux tout de même insister sur un point : la douleur ressentie ne sera ni plus ni moins forte que vous soyez face à un(e) MPN ou pas. Ce qui détruit, c’est le comportement toxique, tout autant que ce qui a permis l’installation de cette relation toxique. Je me permets de rappeler que les MPN se retrouvent également face à des personnes qui ne seront pas sensibles à leurs agissements, car elles ne sont pas construites pour être réceptives. Le (la) manipulateur(trice) choisit sa proie, et avec raison : il (elle) choisira celui ou celle capable de le satisfaire, et cette satisfaction ne peut pas être apportée par tout le monde.
Ce qui compte est d’évaluer la présence d’un comportement toxique et de ce fait d’une relation destructrice. Déterminer – ensuite – si le « coupable » est MPN ou non a alors un sens. Mais ce ne doit pas être le but premier.

Enfin, je tiens à rappeler que la victime d’un(e) MPN ne s’en rendra compte que tardivement. Pour qu’un fonctionnement pervers narcissique fonctionne pleinement, il faut du temps. Le (la) MPN est patient. Il ne se révèle, quand il se révèle, qu’une fois l’emprise totale, et la proie dans une situation qui l’empêche de  s’échapper, ou avec de grandes difficultés.
Une relation toxique de quelques mois peut être très destructrice… Je doute cependant qu’elle soit le fait d’un(e) parfait(e) MPN, celui « structurellement accompli » en tant que MPN. Il faut souvent de nombreuses années, une relation dite stable et durable, une vie aux apparences parfaites, un cadre très normatisé (par le/la MPN), pour que la prise de conscience intervienne.

Encore une fois, je préfère de très loin parler de personnalités toxiques, et réserver la catégorie MPN a des cas particuliers, plutôt que de généraliser, au risque d’effrayer des personnes affaiblies par une vie sous contraintes. Je préfère évoquer des comportements toxiques et destructeurs, et accompagner en thérapie pour mettre en place un système de défense, de protection, et de réaction, plutôt que de focaliser sur « Est-ce ou non un(e) MPN ? ».
Ma première interrogation est : « Le comportement subit est-il « normal » selon vous, ou destructeur ? Quel intérêt à le qualifier avant de s’en défaire ? Un(e) jaloux(se) pathologique vous satisferait-il plus qu’un(e) MPN ? Pourriez-vous continuer de vivre ainsi si je vous disais : ce n’est pas un(e) MPN mais juste un dépendant affectif / paranoïaque / casse-pieds ? »

Dernière chose… je lis beaucoup « mon », « ma » MPN… Ne vous l’appropriez pas, MPN ou toxique ou quoi qu’il(elle) soit. DÉTACHEZ-VOUS, en premier lieu par le choix lexical. « Mon », « ma » reste possessif. Il, elle, vous appartient, en tant que bourreau. COUPEZ CETTE CHAÎNE. Coupez vous de ce boulet.
Une de mes patientes parle du « caillou ». C’est bien suffisant, comme l caillou dans la chaussure. Elle ne dit pas « mon ». Elle dit « le ». Elle ne le nomme plus. Elle s’en est détachée.

©Anne-Laure Buffet

ENFANT DE PÈRE TOXIQUE – TÉMOIGNAGE

Bonjour,

Je n’ai jamais vraiment été très douée pour raconter les choses, mais si je vous écris ce mail aujourd’hui c’est pour vous raconter mon histoire, témoigner… Ou juste pour pouvoir évacuer, je ne sais pas.

Je m’appelle XXX, j’ai XX ans. Je suis une fille de parents toxiques, en tout cas d’un père toxique.

J’ai passé mon enfance à voir mes parents s’hurler dessus… De voir mon père hurler sur ma mère et ma mère pleurer.
A mes deux ans, ma mère a perdu son emploi, mon père lui a dit de ne pas chercher un autre travail (la bonne aubaine)… Il l’a séparé de sa famille, elle n’a plus d’ami.
J’ai donc vu, jour après jour ma mère être détruite, dénigrée, insultée, soumise et mon père qui essayait de me monter contre elle, de me faire participer à sa destruction.

Mais j’ai grandi, je suis devenue une adolescente, un être capable de penser par lui même, ce jour là, mon père a trouver une autre victime.
J’ai suivi le même chemin que ma mère, j’ai perdu toute confiance en moi, j’ai passé le bac qu’il voulait que je passe, je suis devenue dépressive, instable, défaitiste, boulimique et dépendante affective, j’avais RDV toutes les semaines chez le médecin car je somatisais. (Et evidemment on ne me trouvait rien)

Après mon baccalauréat, au début de l’année 2009, il a été diagnostiqué maniacodépressif, il a bien sûr rejeté sa maladie et ne prend pas ses médicaments.

En Mars dernier, c’était la crise de trop, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis parti du domicile familiale pour vivre avec mon copain (Heureusement que je l’ai rencontré)
Au début, il me harcelait, menaçait mon compagnon, venait sonner en bas de mon immeuble, prenait des photos d’où nous vivons. C’était surement sa manière à lui d’essayer de continuer à me contrôler.
J’avais peur pour ma mère, elle m’envoyais des SMS et des mails tous les jours pour me décrire ses moindres faits et gestes. Je lui ai dit de partir, mais rien n’y fait, elle ne veut rien savoir… J’ai fini par abandonner, j’ai fini par me dire que je devais penser à moi et ne plus m’angoisser pour elle… Encore la semaine dernière il s’est énervé contre elle, lui reprochant assez violemment tous les maux du monde, et aujourd’hui, elle me dit que ce n’est pas grave, qu’il s’est calmé.

J’ai déjà passé 24 ans de ma vie a essayé de la protéger.

Je suis parti, j’en suis fière, mais au fond de moi je suis toujours brisée, bien que depuis quelques semaines je recolle enfin les morceaux.
La vie avec mon conjoint est parfois dificile, entre les crises d’angoisses, les peurs incohérentes (De l’abandon notamment mais aussi la peur de « m’engager » pendant les moments intimes) et mes moments de vide…

J’essaye de garder espoir même si c’est souvent difficile, je ne pense pas être devenue une personne toxique mais je sais que les 24 ans que j’ai vécu auprès de mes parents ont fait de moi une personne instable et mon instabilité en devient parfois dangereuse, autant pour moi que pour les autres.
Je n’ai finalement pas fait d’étude, en l’espace de 4 ans j’ai fait souffrir mon compagnon autant que j’ai dû souffrir pendant 24.
Malgré mes moments de vide (Comme aujourd’hui), je sens que je vais mieux.

J’aimerai juste dire à tous ceux qui vivent dans cette prison que, oui c’est dur, oui, nous sommes souvent seul(e) fasse à nous même car nous avons été isolé(e).
Le peu de personnes à qui nous en parlons ne nous comprends pas, on nous dit que l’on fabule ou qu’on exagère.

Mais il ne faut pas cesser de se battre pour (re)devenir celui qu’on est, libérez vous!

J’ai surement oublié des tonnes de choses, mais tout se chamboule dans ma tête… Trop de choses à dire .

Je vous remercie d’avoir créé cette association,

MAUVAISE QUALIFICATION – MAUVAISE INTERPRÉTATION

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Il est important de revenir régulièrement sur la perversion narcissique et ses particularités qui la distinguent d’autres déviances, pathologies, comportements à risque pour un individu, un groupe d’individus, voir pour la société elle-même. 

La perversion narcissique est une déviance. Tant que rien ne sera clairement établi d’un point de vue recherche médicale, tant que la science en sera encore – et la pauvre science fait ce qu’elle peut – à investir le champ des possibles sur l’existence d’un gêne, sur une malformation neurologique, sur une asymétrie cervicale… Bref, tant que rien ne sera vérifié et plusieurs fois vérifié et de manière certaine, la perversion narcissique est et reste une déviance, et non une pathologie. C’est une des raisons pour laquelle elle est si difficile à traiter… Le ou la PN ne se reconnaissent pas atteint d’un trouble du comportement… Mais de plus aucune analyse fonctionnelle ne peut établir ou affirmer la présence de ce trouble… Et aucun traitement n’est mis en place pour, pour le moins, corriger l’absence d’empathie d’un ou d’une PN.

Le pervers narcissique pratique le harcèlement moral, entre autres. Il est même champion toute catégorie. Il en connait et devine spontanément tous les effets, tous les modes, toutes les conséquences, tous les bénéfices pour lui (ou elle). Il sait que le harcèlement peut se pratiquer sous différentes formes… Et même le silence en est un quand il y a refus manifeste de participer, de répondre, quand laisser l’autre dans l’attente et le doute, et l’angoisse de la réponse qui ne vient pas procure si ce n’est du plaisir, en tout cas la certitude que la « proie », affaiblie, ne se montrera pas combattive par la suite.
Le pervers narcissique n’use pas que du harcèlement ; il peut calomnier, diffamer, critiquer, humilier, tout autant qu’il va séduire, flatter, charmer sa proie.
Il sait également menacer, réduire au silence, isoler.
Il attaque la construction de la personne tant sur le plan psychologique que physique.

Le ou la PN cherche non seulement à s’accaparer ce que « possède » sa victime, tout autant qu’il veut la détruire, par jalousie, conscient qu’il ou elle n’a pas ce qu’il convoite, et ne peut l’acquérir. Sa folie destructrice le conduit à vouloir, au moins psychiquement, tuer sa proie, lorsqu’il/elle constate son incapacité à obtenir ce qu’il/elle en attend.

Il n’est pas question dans cet article de diminuer les risques, les conséquences, et les manifestations d’un harcèlement moral. Résister nerveusement aux brimades et aux humiliations, « tenir bon » lorsque l’on reçoit vingt, cinquante, cent appels, jour et nuit, ne pas sombrer dans l’angoisse, et même la paranoïa, lorsqu’on se sait observé, suivi… Et conserver son énergie, sa confiance en soi, son optimisme, pour mener à bien une tâche, une mission, une activité, professionnelle ou personnelle, pour ne pas excuser au nom de l’Amour… Nous savons combien de victimes de harcèlement moral se retrouvent sans défense, démunies, terrifiées, perdues, et ne sachant pas vers qui se tourner.

Mais encore une fois le harcèlement moral n’est pas le seul élément constitutif, caractéristique de la perversion narcissique. Le ou la PN est bien plus… pervers que cela. Bien plus subtil. Bien plus fin. IL/elle est patient(e). Pour atteindre son but, il peut prendre son temps. Dans les témoignages que nous recevons, il est d’ailleurs frappant de remarquer que les victimes de PN ont mis cinq, dix, parfois vint ans, et même plus, à comprendre. À commencer à réaliser.

Une victime de harcèlement le constate.
Une victime de PN ne le constate pas. Ou très tard. Souvent trop tard.
Une victime de harcèlement arrive souvent à en parler.
Une victime de PN n’ose pas parler.

Une victime de PN, tout au plus, dira qu’elle « ressent un malaise », qu' »elle se sent mal », qu' »elle ne peut pas expliquer ». Le ou la harcelée pourra s’appuyer sur des faits.

La perversion narcissique fait devenir l’acteur involontaire de ces films d’angoisse hollywoodiens si bien construits… C’est une ambiance, une atmosphère, une « musique »… C’est cet ensemble de petits rien indicibles et indéfinissables qui en s’accumulant permettent au ou à la PN de refermer chaque jour un peu plus son piège autour de sa proie.

Encore une fois, nous ne minimisons pas les conséquences pour les victimes d’un harcèlement moral. Mais lorsqu’il s’agit de parler de perversion narcissique, il faut considérer le harcèlement… et bien plus encore.
Et surtout, accuser une personne, quelle qu’elle soit, d’être PN, manipulateur, harceleur… ou toute autre chose, ne doit jamais être fait sans certitude, sans preuve, sans éléments tangibles, et sans confrontation avec la réalité.

©ALB

AU SECOURS DOCTEUR !

« Peut-on soigner un pervers narcissique ? » La question revient souvent…
Il serait tellement plus agréable de pouvoir répondre : « Oui. Une pilule matin et soir, et le tour est joué. » Mais ça ne fonctionne pas ainsi. Pour soigner un malade, pour aider une personne qui souffre d’une pathologie – quelle que soit la pathologie – il faut que cette personne l’accepte.
Le problème, c’est que le pervers narcissique refusant de considérer qu’il est malade, les thérapies n’ont pas de prise sur lui.

S’il accepte de s’y soumettre, pour pouvoir dire qu’il a fait « tous les efforts possibles », pour pouvoir argumenter auprès de son entourage « qu’une fois de plus il se soumet à des caprices, en espérant que la situation s’améliore ensuite », il va vite considérer le thérapeute comme nul et incompétent et la thérapie comme totalement inutile.

Il arrive également – et c’est encore plus pernicieux – qu’il retourne le thérapeute contre celui ou celle déjà victime. La « proie », qui pendant un temps a pu se sentir rassurée, soulagée, se disant qu’elle allait, enfin ! , être entendue, se retrouve non seulement à devoir supporter de nouvelles réprimandes et autres brimades, mais à devoir assumer le regard méfiant du thérapeute, certes prêt à l’aider, mais complètement abusé par une personnalité toxique.
Et le PN gagne deux fois : il ne sera pas suivi ; il passe à nouveau pour victime, lorsqu’il est le bourreau.

Le refus de se considérer comme malade pousse encore plus loin le PN.
Non seulement il ne suivra aucun conseil de thérapeute, non seulement il pourra retourner la situation contre sa victime, mais plus encore, il s’instruira du jugement du psychiatre/psychologue… rencontré, apprendra de lui les mots et les termes utiles pour mieux les resservir en plats chauds, et trois, à sa victime, lorsqu’il aura choisi de lui faire un peu plus mal. De lui dire à nouveau que c’est elle, la folle. De faire en sorte qu’elle se croit malade.